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Dimanche 18 juin 2023. « Jésus fut saisi de compassion »

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons.Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement.”
Le programme est “gratuit” mais chargé et nous allons essayer de l’entendre et de le vivre, dans notre monde et à notre époque.

Entrée en prière

Buxtehude- Cantate Membra Jesu nostra

Accueil

Bonjour à vous toutes et tous, fidèles à nos rencontres du dimanche, occasionnels ou nouveaux, venant pour la première fois. C’est un réel plaisir de voir cette mosaïque de visages.

Nous avons vécu une assemblée générale réjouissante et pleine d’espoir avec la venue d’Emmanuel Tois, présidant notre célébration de fin de journée. C’est sûrement tout cela qui a fait que nous n’étions qu’un petit nombre pour préparer, lundi dernier, notre partage de ce matin.

Pour notre rencontre, nous avons retenu la lettre de Paul aux Romains et l’Évangile de Matthieu. Dans ce dernier texte, comme phrase du lutrin, nous avons choisi : « Jésus fut saisi de compassion ». Il est prêt à partager les souffrances, les maux de ces foules qui l’accompagnent. Combien de fois, dans sa vie publique, a-t-il été attentif aux gens qu’il rencontre, à leur écoute particulièrement quand il guérit les malades. Nous pouvons faire la comparaison avec la situation de notre monde qui, lui aussi, est déboussolé face aux guerres, à la mondialisation, au changement climatique, aux abus sexuels de nos clercs qui rongent notre Église. Dans le texte de Paul, l’expression « le Christ est mort pour nos péchés » nous laisse une fois de plus interrogatifs… Ne serait-ce pas plutôt sa vie qui nous sauve ?

En son temps, Jésus était au milieu des foules qui le suivaient, aujourd’hui il est avec nous ce matin, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Bernard R.

♫ Chant

Celui qui a reçu le soleil dans son cœur chantera
Celui qui a reçu le pain sans faillir marchera
Celui qui a reçu le feu à une torche brillera

📖 Lecture de la lettre de Paul aux Romains (5, 6-11)

Frères, alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions.
Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.
À plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie. Bien plus, nous mettons notre fierté en Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ, par qui, maintenant, nous avons reçu la réconciliation.

Résonance

Moi qui suis plutôt « paulophobe », pour une fois, j’ai apprécié d’entendre Paul. Celui-ci commence par nous rappeler une évidence : mourir ne fait pas très envie. Il faut avoir de bonnes raisons et même plutôt de très bonnes raisons pour se laisser aller à mourir.
Jésus est mort parce qu’il aime profondément l’humanité. Trop de discours d’Église s’enlisent en conjectures sur le sacrifice, décliné sous toutes les formes jusque dans notre liturgie. Mais c’est plus simple. Jésus nous aime. Toute sa vie, il n’a eu de cesse de prononcer des paroles pour mettre ou remettre debout ceux dont il a croisé la route. Alors oui, ce n’est pas le « sacrifice » qu’il a choisi mais la fidélité à ses convictions. Il ne rachète aucun péché, il ne se sacrifie pas, on dirait plutôt aujourd’hui qu’il se bat pour la cause en assumant les risques qu’il prend.
Et lorsqu’il meurt, ce n’est pas la croix qui est salvatrice mais sa vie.

Sa mort était-elle inéluctable ? Non et oui.

Non, car je crois que Jésus a réellement eu le choix. Il aurait pu s’enfuir du mont des Oliviers, après que Pierre a coupé l’oreille du serviteur du grand Prêtre.

Oui, car être lui-même jusqu’au bout ne laissait pas de place à la compromission.
Avec beaucoup de précautions, je dirais que cela m’évoque la situation de l’Ukraine. N’a-t-on pas entendu un président, Volodymyr Zelensky, pour ne pas le citer, refuser une exfiltration dorée et un gouvernement en exil probablement confortable proposés par les États-Unis ? Ne l’a-t-on pas vu rester avec ses compatriotes et se démener pour que son pays survive ? Je ne le pense pas suicidaire. Pourtant, le choix qu’il fait d’être jusqu’au bout aux côtés de son peuple, menace sa vie chaque jour.

Suis-je prêt à mourir pour un homme juste, pour un homme de bien ?
Peut-être pas, je connais mes limites, encore que, le contexte aidant, on peut se laisser surprendre…

Plus raisonnablement, jusqu’où mes convictions, l’amour de mon prochain peuvent-ils m’emmener à la suite du Christ ?

Jean-Marie R.

♫ Chant :

Celui qui a reçu le soleil dans son cœur chantera
Celui qui a reçu le pain sans faillir marchera
Celui qui a reçu le feu à une torche brillera

📖 Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu (9, 36 – 10, 8)

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles, parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. 
»

Résonance – Introduction au partage

Les voilà auprès de Jésus, bien concrets, comme nous ce matin, avec leurs prénoms inoubliables, Thomas, Pierre, Judas, Jacques, Philippe…
Premiers compagnons de route, premiers intimes, premiers bénéficiaires de ce regard nouveau que porte Jésus sur chaque humain, sur la vie et son sens, sur le monde, ses richesses, ses lourdeurs.
C’est bien bon, et riche, et tellement nouveau. Ils reçoivent en abondance !
Mais Jésus va les secouer : ils ne sont pas là pour se battre les flancs, tourner en rond et ressasser comme l’héroïne de Godard : « Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire »…. ou, comme nous, à Saint-Merry depuis plusieurs années : « Qu’est-ce qu’on doit faire ? Donnez-nous une lettre de mission ! Donnez-nous des objectifs à réaliser ! »
Jésus leur dit : « Sur la route de l’aujourd’hui, à votre tour, donnez ! Annoncez ce monde neuf ! Voyez ce qui m’anime, faire toute chose nouvelle… eh bien ! faites de même ! »
Allez !
Les êtres sans force, guérissez-les ! Les morts, réveillez-les ! Les lépreux, purifiez-les, les démons, expulsez-les !
D’accord, mais les morts, c’est qui ? la mort, c’est quoi ? Quelle lèpre je rencontre ou je fuis ? Quels démons ? Et comment les mettre hors d’état de nuire, comment les expulser ?
N’est-ce pas une vraie mission ? Une vraie feuille de route ?
Ne pas imaginer je ne sais quels pouvoirs magiques ou, comme on dit, surnaturels : cela ne peut être que le fruit de notre implication, de notre amour, inspirés par la façon de vivre de Jésus !
Éveiller, guérir, expulser : qu’est-ce que cela peut vouloir dire pour moi, pour nous, dans la vie de tous les jours ?

Jean-Luc L.

Partage

« Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche ».

« Les êtres sans force, guérissez-les
Les morts, réveillez-les.
Les lépreux, purifiez-les.
Les démons, expulsez-les.
Gratuitement vous avez reçu
Gratuitement donnez ».

Frédéric Boyer , Evangiles, Paris, Gallimard, 2022, p. 134

Éveiller, guérir, expulser : qu’est-ce que cela peut vouloir dire pour moi, pour nous, dans la vie de tous les jours ?

Entendus lors du partage

Pour moi, c’est exercer sa compassion dans notre vie de tous les jours et dans toutes les associations dans lesquelles nous militons. Par exemple, écouter longuement ma filleule, atteinte de sclérose en plaques.

L’écoute est importante, les besoins des gens différents. On peut téléphoner pour encourager, on peut prier pour le groupe Sabeel, …

Le Christ ne s’est jamais placé au-dessus des autres ; ce qu’il a pu faire, il ne l’a jamais fait depuis le haut, mais en étant un parmi nous. Être proches des autres, ne pas croire détenir une vérité, ni un pouvoir sur l’autre…

Pour moi, c’est être en relation avec l’autre, avoir de la compassion, l’écouter en étant “dans ce monde sans être du monde”. C’est cette manière d’être qui expulse les démons qui sont “idoles” du monde.

Éveiller, cela pourrait être “éveiller” les Français à leur responsabilité dans les 500 morts récents en Méditerranée, car ce qui se passe n’est pas le fruit du hasard, les politiques française et européenne y sont pour beaucoup…

Écoute des autres, car c’est là qu’on peut dire sans peur ses propres faiblesses…

“Capables de rien”, “désemparés” nous disent les textes. Moi, je me sens éveillée, c’est à dire “dans la bagarre”, avec ceux qui sont au ras des pâquerettes, mais en confiance avec Dieu.

Le message de Jésus à ses disciples n’est pas “individuel”. C’est ensemble que nous sommes envoyés en mission. Comment notre communauté est-elle envoyée collectivement en mission ?

Méditation en musique

Soirée perdue de Antoine Duhamel

Lorri Lang de Pixabay
Photo de Lorri Lang sur Pixabay

♫ Chant : Partage (John Littleton)

Seigneur quand je rencontre mon frère
Que je croise son regard
Pour que mon jugement reste dans ta lumière
Oh donne moi tes yeux, oh Jésus

Seigneur quand je rencontre mon frère
Et qu’il porte son chagrin
Pour que mon amitié console sa misère
Oh donne moi tes mains, oh Jésus

Seigneur quand je rencontre la haine
Qui me barre le chemin
Pour que mon cœur humain soit plus fort que ma peine
Oh donne moi ton cœur, oh Jésus

Seigneur quand je suis seul, sur la terre
Isolé parmi les miens
Pour que demeure en moi ta paisible lumière
Donne moi ton amour, oh Jésus

Saints Sergius And Bacchus, 7th Century BC
Saint Serge et saint Bacchus, icône byzantine, Musée Khanenko de Kyiv,
mise à l’abri et visible au Louvre avec 15 autres œuvres

Prière universelle

Quels remerciements, quelles joies, quelles peines, quelles souffrances confions-nous à Dieu et à la communauté ?

♫ Refrain : Mozart- quatuor en do

Je rends grâce pour ma communauté locale et pour tous les soignants et ambulanciers qui s’occupent de moi avec une extrême gentillesse.

Je rends grâce pour ma marraine, Géraldine, une femme extraordinaire de générosité, de joie, d’humour qui a dû guérir tout un tas de gens par sa vie même.

Je rends grâce pour ce moment de partage avec Robert Picard à Jeanne Garnier, partage de sa vie, de ses engagements, de ses convictions.

Je voudrais prier pour mon filleul de quarante ans ; sa femme s’en va, il est désemparé. Et moi, je me sentais si impuissant…

Partagé avec Elisabeth D. via le téléphone : je rends grâce pour tous ces gens qui font vivre ce “centre de répit” qu’est Jeanne Garnier.

Dans l’écoute, plein de choses pour rendre grâce de ce qui se passe de “bon” autour de nous… deux projets “d’entreprise” qui demandent des coups de pouce : pour une nièce avec une amie, la création d’un atelier de tapissier pour apprendre à d’autres ce métier et, pour un ami algérien, la prise en gérance d’un bistrot, après avoir été toute sa vie serveur.

Je rends grâce pour toutes ces personnes qui m’ont éveillé ou guéri, et la liste est longue, mais pour ce que vous faites chaque dimanche, dans la durée, je rends grâce aussi.

Moisson – Photo J. Idoux

Dimanche, beaucoup ont exprimé l’importance qu’avaient prise nos Rencontres autour de la Parole en visio, mais certains, perçoivent cette proposition comme un pis-aller.
Depuis une semaine, notre communauté a vécu de beaux moments :

  • Une matinée de fête au groupe chant samedi autour d’Hélène entre autres
  • Dimanche, lors de notre assemblée générale, une centaine d’entre nous le matin, sans doute 140 l’après-midi, ont eu la joie de se retrouver, de se parler, de s’embrasser. Des petits riens qui font chaud au cœur. Nous avons accueilli ensuite Emmanuel Tois qui, par son engagement au nom du diocèse, nous a confirmé que “oui”, le lien est bien retissé avec l’Église de Paris.

Lundi, nous n’étions pas  nombreux à la préparation. Un peu déçus, un peu amers de ce fait, après l’élan de la veille, un peu inquiets aussi pour l’avenir du Zoom mais nous en sommes sortis revigorés par la vitalité de notre partage.
Tant de petits riens, ou peut-être de très grandes choses, vécus cette semaine par les uns et les autres.
Prenons quelques instants, en silence, pour cueillir la vie reçue.

Photo Mohamed Nohassi Sur Unsplash

« Fruits de la terre, et du bonheur de l’homme »
« Fruits de la vigne et de la joie d’être en communauté aujourd’hui »
Pour en faire eucharistie…
Écoutons le  « Oui » de Dieu à nos graines de vie offertes,
ce « Oui »  de Dieu sur nous qui, ce matin, nous sommes nourris de la Parole qui fait de nous le Corps du Christ.
Chaque dimanche, lors de nos rencontres autour de la Parole, avec vous tous, je me sais membre du Corps du Christ. Même sans pain ni vin, je vis l’Eucharistie.
Merci.

Bénédicte I.-R.

Notre Père

(version de Gaëtan de Courrèges)

Bénédiction finale

C’est fini… Nous voici chargés de cette vie reçue, partagée. Allons vers cette semaine, confiants en notre Dieu qui est amour, en Jésus qui a marché sur nos routes et en l’Esprit qui nous habite tous.

Assemblée des Douze Apôtres par un maître de Constantinople, début du 14è s., Musée Pouchkine, Moscou
  1. alain Alain Cabantous
    alain Alain Cabantous says:

    J’ai beaucoup apprécié la résonance de J.-M. R. Sa réflexion sur “le sacrifice*”, sur la radicalité aimante Jésus face à ses choix, tout comme son actualisation et ses interrogations personnelles. Merci à lui.

    *un sacrifice, c’est “juste” faire du sacré. Du coup ce que l’on entend -quatre fois de suite- lors de la prière eucharistique new look n’a aucun sens.

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