En moins de deux mois le pape François, 86 ans, aura parcouru une bonne dizaine de milliers de kilomètres : le Portugal et les Journées Mondiales de la Jeunesse. Oulan-Bator et la messe avec moins de 2.000 catholiques. Marseille pour affronter les défis culturels, religieux, politiques et économiques qui devraient rassembler des peuples bien différents.
Le pape nous invite à nous « ouvrir », au cœur d’une mondialisation déshumanisante.
Le maître-mot de tous ces voyages pontificaux : rencontre.

Souffle de vie, souffle de mort

Le Vatican a précisé que François venait à Marseille et non en France. Il ne s’agit pas d’un rejet de « la Fille aînée de l’Église ». Le désir de François est de souligner le rôle historique de la Méditerranée, au service de la rencontre, tandis que cette mer devient un cimetière. Depuis 2014, plus de 30 000 personnes ont péri dans cette mer. Pour inaugurer son pontificat, il alla, en juillet 2013, sur l’île de Lampedusa, pour dénoncer « la mondialisation de l’indifférence ». En 2019, à propos du sort réservé aux migrants, il évoqua : « une grave blessure qui continue de déchirer le début du XXIe siècle ». Sur l’île de Lesbos en 2021, il parlait du « naufrage de la civilisation ».

François ne cherche pas à nous culpabiliser mais à nous inciter à nous unir pour inventer ensemble des solutions. Récemment il a recommandé des initiatives économiques et politiques à prendre ensemble, pays riches et pauvres, pour permettre à chacun de pouvoir jouir du « droit à ne pas quitter sa terre ».

Le souffle de la rencontre l’emportera-t-il sur celui de l’indifférence ?

Synodalité : avis de grand vent ?

Du 4 au 29 octobre, les évêques réunis à Rome vont devoir se mettre en route, en plein vent, eux aussi. La synodalité n’est pas une histoire de cuisine interne pour l’Église. Donner la parole à la base catholique est à la fois périlleux et indispensable. Périlleux car une telle rencontre peut accentuer les clivages doctrinaux et pastoraux qui se durcissent. Périlleux aussi du fait du risque de déception qui peut naître d’une grande attente suivie de peu de décisions concrètes. Défi indispensable faisant partie de l’ADN chrétien. Paul dessinait une Église composée de diverses communautés apprenant à dialoguer. L’Église doit franchir une étape difficile : la rencontre avec un monde déchristianisé et une réelle inadaptation institutionnelle pour relever les attentes spirituelles. Comment allons-nous écouter et accompagner les milliers de jeunes présents aux JMJ ?

Pour exprimer le projet du Concile Vatican II, Jean XXIII ouvrait grand les fenêtres.

Grand vent ou brise légère, un cadeau nous est fait : la confiance.

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Guy Aurenche

Avocat honoraire, membre de la Commission Droits de l’homme de Pax Christi, ancien président de l’ACAT et du CCFD-Terre solidaire. À lire de Guy Aurenche : « Droits humains, n’oublions pas notre idéal commun ! », éd. Temps présent, 2018.

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