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L’Europe des barricades ?

Au lendemain du vote du Pacte sur l’immigration et l’asile par le Parlement européen, et à la veille des élections européennes, l’éclairage de Jean-Marie Guion, membre du Réseau Chrétien – Immigrés.

Quelques questions avant le vote

Comme on l’a vu, après un accouchement particulièrement difficile, un Pacte sur l’immigration et l’asile a été approuvé, le 10 avril 2024, par le Parlement européen.
Faut-il s’en réjouir ? En tout cas, il interpelle.

Cet ensemble de textes durcit considérablement les conditions d’entrée en Europe, ceci sans précédent. Certes, il vise à mettre en place une gestion coordonnée des frontières au niveau européen. Il se focalise en l’occurrence sur les arrivées des personnes sans titre de séjour, dont il faut bien dire qu’elles sont loin de représenter l’essentiel des flux migratoires, la plupart entrent régulièrement : regroupement familial, étudiants, permis de travail…

L’Europe – notamment les pays de l’Est –
tente de se barricader, comme une forteresse.

Le Pacte met en place un enregistrement systématique aux frontières des 27, avec filtrage, et procédure accélérée pour les demandeurs d’asile venant de pays considérés comme “sûrs”. Les arrivants sans papiers sont automatiquement placés en zone d’attente (avec démultiplication des centres de rétention). Les déboutés, renvoyés… y compris en les emprisonnant dans des pays tiers d’externalisation, ce qui en passant peut être considéré comme un traitement inhumain et dégradant.

Un mécanisme de solidarité entre États est prévu – sans doute une heureuse innovation. Tous les ans, 30 000 migrants régularisés devraient être “relocalisés” vers un autre pays que ceux en première ligne d’arrivée (Grèce, Italie, Espagne). Ceux qui refuseraient (Hongrie, etc.) ont la possibilité de s’acquitter à la place d’une somme de 20 000 € par migrant !

On peut être dubitatif vis-à-vis d’un tel Pacte, dont l’arrière-pensée réside en fait à ne pas laisser le champ libre à l’extrême droite, laquelle préfèrerait en revenir à une gestion purement nationale. En courant après ses idées ? Les migrants et réfugiés, des ennemis dont il faut se défendre ? En les emprisonnant ? Les études en la matière montreraient plutôt que pas mal de citoyens ont une vision plus positive.

L’essentiel des textes reste hors-champ : l’harmonisation des voies légales d’entrée en Europe et des procédures d’asile relève toujours [du moins pour le moment] de la compétence de chaque État.

Au total, ce Pacte ne serait-il pas plutôt une honte, au goût amer, finalement assez inefficace, comme une machine supplémentaire à créer des “sans-papiers” ? Les frontières : des barrières (toujours plus dangereusement contournables) ou des “lieux de passage et de rencontre” (comme l’ont déclaré plusieurs évêques à l’occasion des prochaines élections européennes) ?

Où sont les droits humains, chers à l’esprit d’émergence de l’Union européenne ? Où va l’Europe ?

Puissent les élections de ce 9 juin nous ouvrir à un sursaut des consciences.
Une sensibilisation urgente de l’opinion, à visage humain, est entre nos mains…
Votez bien !

Jean-Marie Guion

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