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Lettre ouverte de la CEPFE aux évêques de France

La Commission d’Étude sur la place des femmes dans l’Église, à laquelle participent plusieurs personnes de Saint-Merry Hors-les-Murs, a adressé une Lettre ouverte aux évêques de France, que nous relayons ici.

Paris, le lundi 10 avril 2024


Monseigneur, notre frère en Jésus-Christ,

Par cette lettre, nous voudrions aujourd’hui vous faire part de nos préoccupations, comme
c’est notre devoir de baptisés et baptisées d’exprimer le sensus fidei : transmettre le message
de l’Évangile. L’Église – à la fois Institution et peuple de Dieu – doit porter ce message
sans être un contre-exemple en acceptant ou en exerçant des discriminations, afin qu’en
réalisant l’égalité entre les hommes et les femmes, tant sur le plan théologique qu’ecclésial,
elle remplisse pleinement sa mission. Au demeurant, cette question de l’égalité était
présente dans les sept rapports continentaux préparatoires à la première session du Synode.

Les baptisés et les baptisées ne veulent plus seulement agir en demandeurs mais en partie prenante
à égalité d’un travail destiné à changer ce qui fait obstacle à la transmission de
l’Évangile. C’est dans ce but qu’a été créée la CEPFE (Commission d’étude pour la place
des femmes dans l’Église). Elle est un collectif de femmes et d’hommes agissant en parité,
chrétiennes et chrétiens aux expertises variées (sociologie, théologie, philosophie, histoire,
diversité et inclusion, médecine, gestion du changement) et un réseau d’organisations,
institutions, associations partenaires et alliées, qui se veut le plus large possible et s’enrichit
de la diversité complémentaire éclairée par l’Évangile. Un nombre important de
personnalités nous soutient officiellement et apparaît sur le site. Elles constituent notre
Comité des Sages apportant caution morale, ancrage théologique et méthodologique, et
soutien public.
Ce collectif fonctionne de façon collégiale sans qu’une personne ou une association ne soit
mise en avant ou en responsabilité plus qu’une autre.

Une analyse complète des contributions synodales a déjà été faite. Une entrevue avec Mgr
Éric de Moulins-Beaufort a eu lieu le 19 décembre 2022 afin de lui remettre les prémices
de nos travaux qui se poursuivent dans différents ateliers : historique, théologique,
sociologique , sciences humaines, pédagogie, etc.
Ces travaux doivent permettre d’abord d’identifier les changements qui peuvent être mis en
œuvre dès aujourd’hui, ensuite, dans un plus long terme, fonder et expliciter sur tous les
plans, les arguments qui viennent à l’appui des propositions que nous élaborons afin de
contribuer à un renouvellement profond et visible de notre Église en France, au service et à
l’image du Christ.
Ils s’inscrivent donc dans la démarche de conversion ecclésiale de l’Église catholique pour
se renouveler et devenir plus apte à remplir sa mission selon l’adage Ecclesia semper
reformanda.
Cette évolution est recommandée par le pape François ainsi qu’il l’a exposé
lors des JMJ de Lisbonne : « La vision de la doctrine de l’Église comme un monolithe est
erronée. […] Quand on recule, on forme quelque chose de fermé, de déconnecté des racines
de l’Église et on perd la sève de la Révélation. […] Aujourd’hui, […] la peine de mort est
un péché, elle ne peut pas être pratiquée, et ce n’était pas le cas auparavant ; quant à
l’esclavage, certains papes avant moi l’ont toléré, mais les choses sont différentes
aujourd’hui ».
Dans cet esprit, la CEPFE demande la constitution d’une commission chargée, au sein de la
CEF (Conférence des Évêques de France), d’étudier les charges et missions des femmes
dans l’institution.
Elle propose que, pour chacune des propositions qu’elle formule, ses interlocuteurs
s’engagent à dire ce qui leur paraît souhaitable d’aborder rapidement dans un travail
commun, concevable de mettre en chantier ou, au contraire, problématique, ce qui leur
paraît suffisamment ou insuffisamment documenté et mériterait compléments, ou même
conflictuel.

La CEPFE pose comme principe que ses interlocuteurs reconnaissent qu’il y a dans la
fidélité à l’identité chrétienne et ecclésiale matière à conversion, afin de mettre fin aux
privilèges et bénéfices dont les hommes jouissent encore au sein de l’Église catholique en
raison de la logique patriarcale et androcentrique de la hiérarchisation sexuée du monde
qu’elle a longtemps développée et encouragée. Elle sait qu’un dialogue constructif peut être
poursuivi pour que le principe d’égalité des sexes, adopté dans le cadre des droits de l’être
humain, soit reconnu dans l’Église. Il est souhaitable que le principe de liberté pour une
religion de s’organiser, bon en soi, ne soit pas dévoyé au point de paralyser, sans recours
possible, l’application du principe de non discrimination sexuelle en son sein. Le Parlement
européen est en train de discuter d’une réforme constitutionnelle en vue d’un nouvel
élargissement de l’Union Européenne. Les implications de celui-ci sont examinées dans
quatre domaines dont celui de l’application des droits humains, en particulier pour les
femmes. Si le Vatican n’est pas membre de l’Union européenne, nombre de pays dont la
population est catholique le sont. Il risque de se retrouver en porte à faux sur cette question
du droit des femmes, plutôt que comme allié et partenaire de l’Union européenne.

La CEPFE demande donc que soient mises en œuvre les mesures concrètes permettant à la
parole des femmes d’être véritablement entendue, notamment quand elles pointent une
histoire, une ecclésiologie, une théologie, un droit canonique, des pratiques qui font croire
implicitement ou soutiennent explicitement voire dogmatiquement que Dieu n’aurait pas le
même regard sur deux berceaux, que le Corps du Christ serait sexiste.
C’est au contraire une égalité véritable qui permettra la communion au sein de l’Église et
sera une richesse pour elle.

Croyez en l’expression notre plus profond respect.

L’équipe projet de la CEPFE
contact@placedesfemmesdansleglise.org
CEPFE

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