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Dimanche 2 juin 2024. « Fêtons ce banquet divin »

Pain et vin, dons de Dieu par la Parole prononcée. Oui ” tout est don : le pain, mais plus encore la vie, les autres et Dieu “. Nous célébrons joyeusement cette fête, ce banquet du partage de nos vies, de la Parole, festin d’alliance entre Dieu et nous tous.

The Medieval banquet – Shane Ivers

Bonjour à tous, habitués de nos célébrations par Zoom ou nouveaux venus que nous espérons nombreux. Bienvenus à l’écoute de la Parole.

Lors d’une interview accordée à la télévision américaine CBS, le 21 mai dernier, François a écarté l’hypothèse de l’ordination diaconale des femmes. « En refusant le diaconat féminin, ordonné, le pape ne fait que conforter la dissymétrie homme-femme dans l’Église », a réagi Anne-Marie Pelletier. «  C’est cantonner les femmes à distance de l’’enclos sacerdotal ». Mesdames, passez donc la serpillière.
À Saint-Merry, les injonctions papales ne nous perturbent pas outre mesure et lundi soir nous étions huit femmes et un homme pour préparer la célébration de ce jour.

Ce dimanche, nous fêtons le Saint-Sacrement. Qu’est-ce à dire ? Le pain et le vin, nourritures ordinaires, deviennent des dons de Dieu par la Parole qui est prononcée au-dessus d’eux, en souvenir, bien sûr, du dernier repas avec ses disciples : « vous ferez cela en mémoire de moi ». Se rappeler également les autres paroles de l’offertoire, « le pain et le vin sont des dons de Dieu, mais ils nous parviennent par le travail de la nature et par celui des hommes ».

Entrons dans la célébration, en union de prière avec nos ami.e.s de Saint-Merry Hors-les-Murs qui célèbrent à Fleury-Mérogis,
au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Claire B.

En ce jour où l’Église fête le Saint-Sacrement, ce texte de saint Thomas d’Aquin nous est proposé en plus des première et deuxième lectures habituelles, psaume et texte d’évangile. Ces quelques strophes nous invitent à célébrer l’Eucharistie dans l’allégresse.

Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !

C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.


À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.


Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.

Photo De Bankim Desai Sur Unsplash
Photo de Bankim Desai sur Unsplash

CORELLI- Concerto en Ré M – Op6

Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?” Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.

PURCELL – King Arthur  Le banquet- Amélie

Pain Partage Main
Pain partagé – Fotomedia – Libre de droits

Aujourd’hui, nous sommes joyeux car Dieu nous invite à festoyer pour fêter son alliance.
Il y a bien longtemps, les Hébreux fêtaient cette alliance avec des sacrifices de taureaux, de boucs. Ils aspergeaient les autels et le peuple avec le sang de ces animaux. Le prophète Osée mettait pourtant ces mots dans la bouche de Dieu : « c’est l’amour qui me plaît, non les sacrifices ! »
Jésus a aboli ces rites pharisiens. Selon Matthieu l’évangéliste, il a redit les paroles d’Osée : « c’est l’amour que je veux, non le sacrifice. »
Cependant, tant de vies sacrifiées imprègnent encore notre terre de sang : sang russe, sang ukrainien, sang israélien, sang palestinien, sang congolais, sang soudanais, du sang partout, sur tous les continents… Tant de vies sacrifiées aux idoles éternelles : pouvoir, gagner, dominer.
Dieu, souviens toi que nous sommes humains, entretiens notre joie comme on entretient un feu.

Joëlle C.

Le récit que fait Marc est, me semble-t-il,  d’abord adressé à ses contemporains imbibés du premier testament. Ils vivent dans une société où les rites sacrificiels étaient une évidence,  ils étaient pratiqués partout, quels que soient les peuples, même si Isaïe dit que Dieu ne veut ni holocaustes, ni sacrifices.
Comment entendre aujourd’hui ce récit ? Personnellement,  je crois que Marc suggère une situation familière, par exemple dans un groupe d’amis ou en famille, l’évocation d’un membre disparu :  on boit, on mange ensemble, on se rappelle un geste, une parole, une réaction, une discussion….En reprenant ses expressions habituelles,  en se souvenant de détails le concernant,  voilà que celui qui nous a quittés retrouve vie, présence, fécondité  même…
Pour moi, c’est ce vécu tout simple que propose Jésus: ne soyez pas tristes, quand je ne serai plus là, vous vous réunirez, partagerez un repas ou un verre et vous parlerez de moi, vous réfléchirez à l’attitude que j’aurais sans doute eue en telle ou telle circonstance,  à ce que j’aurais pu dire. Vous vous souviendrez que je vous disais: “quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux”. C’est tout simple, accessible à tous.
Peu importe si ont été rajoutés des formules et des rites immuables pour approfondir notre foi. L’essentiel est, je crois, que l’Esprit nous nourrisse aujourd’hui à travers les échanges des uns et des autres.

Marie-José D.

Pierre De Grauw Bas Relief En Bois 1980 Emmaus
Pierre de Grauw, Emmaüs, bas-relief en bois, 1980, Arc-en-Ciel

Lorsque les disciples ont mesuré de plus en plus l’importance et la puissance de l’exemple de Jésus, la profondeur et la cohérence de ses gestes et de ses paroles, certains ont complété leurs notes et d’autres ont écrit progressivement leurs souvenirs précis ou des synthèses. Voici quelques détails à travers lesquels son message nous est transmis.
L’entourage de Jésus semble soudain se réveiller un peu tard, le premier jour de la fête… : « Où veux-tu que nous préparions ? » : il s’agit de la salle et de la nourriture rituelle, affaire de femmes autant que d’hommes. Et ceci pour combien ? Qui est ce « nous » : « les disciples », plus précisément des hommes, et certainement des femmes. Tous et toutes vont s’affairer.
Jésus en missionne deux et leur indique un signe pour réussir à trouver tout cela dans une Jérusalem envahie pour la Pâque : ils verront venir en sens inverse « une personne portant un vase d’eau » ( est-ce donc si rare ?). Il n’a pas parlé de serviteur ou de servante, et terme grec, anthrôpos, ne signifie ni homme ni femme. Le statut et le genre sont accessoires, mais un pronom masculin ensuite semble bien indiquer que dans cette maisonnée, il n’y a pas de tâche réservée à une catégorie.
Et c’est en suivant cette personne avec son très sobre chargement, qu’ils aboutiront à une maison où Jésus se sent visiblement chez lui ! Il suffira en effet que les disciples disent (Jésus ne demande pas) de sa part : « Où est ma salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? »… Ils n’ont même pas à dire son nom : l’évangéliste montre que Jésus se désigne lui-même sans avoir besoin de préciser plus, comme « le professeur, l’enseignant » (didaskalos).
Jésus enseignait-il, à cette maisonnée comme ailleurs, à vivre sur un nouveau mode de relation et d’alliance une Pâque nouvelle ?
La Bonne nouvelle respire dans ces détails du quotidien.
Après ce repas, il est seulement écrit : « et ayant chanté les hymnes, ils sortirent vers le Jardin des Oliviers. »
Nous savons qu’aux premiers temps, les premiers chrétiens utilisaient simplement l’expression “la fraction du pain” pour leurs rencontres autour de Jésus.
N’est-ce pas ainsi, en toute cohérence, que Jésus a vécu ses repas et sa vie ? bien moins sacrificiels et sacrés qu’alliance et communion.
Repas fraternels aux apparences simples.
Rencontre du Pain vivant.

Marguerite C.R. / Patricia M.

Alors…

Comment faire de l’eucharistie une fête ?

Photo Stephanie Mccabe sur Unsplash
Photo Stephanie Mccabe sur Unsplash

Le banquet- d’après « Amélie » version pour piano et orchestre Jonas Kvarnström

Bénis le pain, Seigneur, labeur et joie des hommes
Bénis le pain, la manne du royaume
Bénis le pain, Seigneur, signe de ta mémoire
Bénis le pain, alliance en notre histoire.

1 – Le pain des hommes est pain de Dieu
Fruit d’une moisson sans rivage
Le pain de l’homme est corps de Dieu
Lorsque c’est lui qui fait partage.

2 – Le pain des hommes est pain de Dieu
Quand il apaise nos disettes
Le pain de l’homme est corps de Dieu
En se donnant pour notre fête.

3 – Le pain des hommes est pain de Dieu
Puisque Jésus l’offre à sa table
Le pain des hommes est corps de Dieu
Depuis qu’il sanctifie la Pâque.

Nous avons partagé ce qui nous a fait du bien cette semaine :

♫  Joie de l’Esprit exulte en nos cœurs

Venez, comme à la danse, goûter le pain de Vie                          
La vie, en abondance, la vie de Jésus-Christ


Quelle voix au loin nous parle ? Nous sommes invités !
Qui murmure ce message : c’est l’heure du banquet ! 

Levons-nous, prêtons l’oreille. Nous sommes invités !
Dieu lui-même nous réveille. C’est l’heure du banquet !


Plus de peur ni de tristesse. Nous sommes invités !
Revêtons l’habit de fête. C’est l’heure du banquet !

De tout lieu, de toutes races. Nous sommes invités !
Tous auront leur place à table. C’est l’heure du banquet !


Venez, comme à la danse, goûter le pain de Vie,
La vie, en abondance, la vie de Jésus-Christ

Oui , c’est l’heure du banquet !  Remplis de la joie de l’Esprit, nous sommes invités à goûter ensemble le vin de vie. Et peu importe le contenu de nos verres :  c’est ce que nous voulons signifier symboliquement ce matin en faisant ce geste.
Reprise chantée très proche du texte des mêmes auteur/compositeur (Paroles : M. Ginot – Musique : JM Duménil), ICI

Notre Père chanté – Glorious

Restons, cette semaine, dans cet esprit de fête joyeuse du partage de nos vies…
Pour conclure, un extrait de Raphaël Buyse sur l’eucharistie dans Autrement, l’Évangile :

“Ils sont à table. Il prend un morceau de pain. Il ferme les yeux. Il rend grâce pour ce pain, car il sait bien que tout est don. Le pain, mais plus encore : la vie, les autres. Et Dieu.
   Quand il rouvre les yeux, il leur présente ce pain à mains tendues. Il les regarde.
Ce pain, c’est bien plus que du pain : c’est toute sa vie, c’est toute leur vie, tout un réseau de relations, une mie serrée, aussi dense que ce qu’ils ont vécu pendant toutes ces années. Un jour, on dira « fruit de la terre et du travail des hommes ».
   Il rompt le pain. Il le leur donne en leur disant : « Ça, c’est tout moi ».
   On dira qu’il a dit : « Voici mon corps livré pour vous » ou quelque chose comme ça.
   Mais ce qu’il veut dire vraiment, c’est que toute sa vie a été pain béni, rompu et partagé.
Et que toute vie – jusqu’à aujourd’hui même – est prise, bénie, rompue et appelée à être donnée pour que d’autres vivent. Cette nuit-là, il leur révèle le sens ultime de l’existence.
   Il prend ensuite une coupe de vin.
   Sa vie, c’est un vin de fête qu’il lève à l’occasion du mariage éternel entre l’humanité et Dieu.”[1]


[1] Raphaël Buyse, Autrement, l’Évangile p. 70, Bayard “J’y crois”

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