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Les questions des petits, une chance pour les grands

Qui c’est, Dieu ? Pourquoi on dit que Dieu a créé le monde ? Et lui, Dieu, qui l’a fabriqué ? C’est obligatoire d’avoir un dieu ? Tout le monde n’a pas le même Dieu, alors, comment on choisit ? Comment on sait que c’est le vrai ? Quand il y a un malheur, c’est vraiment le Bon Dieu qui nous punit ? Jésus et Dieu, c’est le même ou ça fait deux dieux ? Si Marie est la mère de Dieu et Jésus le fils de Dieu, Marie, c’est la grand-mère de Jésus ? Il y avait déjà des crèches pour garder les bébés du temps de Jésus ? À quoi ça sert de baptiser un bébé ? Pourquoi les papas ne sont pas prêtres ? Et les mamans ? Pourquoi tu appelles la dame « sœur », elle n’est pas de notre famille ? Pourquoi l’école est fermée le dimanche ? Pourquoi Moussa il fait la fête du mouton en plus de Noël et pas nous ?

L’envie de comprendre, le désir de savoir viennent très tôt.

Le quotidien des enfants produit quantité d’émotions,
de progrès et d’échecs,
de découvertes et d’interrogations.
C’est là que naît une expérience spirituelle.

C’est parce qu’il se bagarre sans cesse avec sa grande sœur qu’Hugo demande si on est obligé d’aimer tout le monde et si c’est grave de détester sa sœur. C’est parce que Jules a reçu un paquet de bonbons pour sa fête qu’il demande si ses copains ont aussi leur fête et donc si Fatima, Ali, Kumar ou Jackson sont aussi des saints. C’est parce que quelqu’un a dit à Louise que l’église est la maison de Jésus qu’elle trouve que Jésus est bien riche avec toutes ses maisons partout alors que ses parents doivent emprunter pour loger la famille. Lorsqu’un enfant envoie un beau dessin à sa marraine ou à son grand-père qui habitent loin ; lorsque, vivant à l’autre bout du monde, il ne les rencontre que sur FaceTime ou Messenger, il devine que la tendresse est faite à la fois de proximité et de distance. S’il entend dire que Dieu est tendresse, il saura que celle-ci ne se dit pas seulement dans les câlins peau contre peau. Quand un petit apprend à lire, il sort d’un chaos, comme un tohu-bohu, et il s’interroge sur l’organisation du monde. Quand ses parents le grondent et qu’il se demande s’ils l’aiment encore, s’ils restent ses alliés ; quand ses parents se déchirent ; quand il s’aperçoit qu’avec ses deux papas ou ses deux mamans, il n’est pas comme son copain ; quand il est malade ; quand il devient assez grand pour aller chercher le pain ; qu’éprouve-t-il de la vitalité qui le fait aller toujours au-delà de ce qu’il était la veille ? Que devine-t-il de la vie qui le dépasse ?
Au long des mois et des ans, au fil des émotions, des joies, des peurs, des envies de bien faire, et aussi de faire des méchancetés, les enfants sont amenés à se demander si tout ça n’a pas quelque rapport avec ce que certains nomment Dieu.

Parler de Dieu avec les enfants

Les parents, les grands-parents, les proches, désireux de ne priver les enfants ni d’informations ni de possibilités de réflexion, s’efforcent de dire aux plus jeunes tout ce qu’ils savent sur le climat, la biodiversité, les OGM, les voitures électriques, les étoiles ou la transformation des bouteilles de plastique en polaires.
Mais quand les questions portent sur Dieu, il n’en va pas de même. Crainte de réponses trop courtes eu égard à la difficulté du sujet, souci d’honnêteté envers leur propre itinéraire voire envers Dieu, difficulté à élaborer sa propre réponse à la sensibilité de l’enfant et à leur relation, beaucoup deviennent muets, souvent malheureux de l’être.
Sans compter de vraies réticences. Pour ceux qui ont le souci du développement personnel comme valeur suprême, l’Église institution, sa hiérarchie, ses terribles fautes apparaissent comme un obstacle ou un danger. Pour beaucoup, religion est devenue synonyme d’intolérance, d’agressivité et de conflits. Parfois, armer son enfant pour la vie et en faire un chrétien paraissent antinomiques (le peuple de brebis et de moutons). Pourtant, la majorité des parents souhaitent transmettre le meilleur de ce qu’ils sont et y engagent le plus profond d’eux-mêmes.

Les questions enfantines sont rarement puériles. Dans la Bible, des gens se posent les mêmes questions que les enfants. Le soi-disant premier homme et la soi-disant première femme : pourquoi on ne serait pas tout puissant ? Pourquoi il y aurait besoin d’un dieu ? Un vieux savant : quand on est déjà né, comment peut-on naître à nouveau ? Les meilleurs amis de Jésus : comment on peut être vivant après être mort ? Si je ne le vois pas, je n’y crois pas !
Quand on ose parler de Dieu avec les enfants, il arrive qu’on entende des réponses inattendues à nos questions d’adultes. Ces réponses de petits qui font avancer les grands et partager la joie de Jésus quand il dit : « Je te loue, Père, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits ! »

jochabert
Joëlle Chabert

Joëlle Choisnard Chabert, géographe et journaliste retraitée. Autrice d’ouvrages pour adultes et pour enfants édités chez Bayard France et Canada, Salvator, Albin Michel. Thèmes : société, christianisme, vieillissement.

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