La France nage dans le bonheur ! Qui l’eût cru, il y a un mois ?

Ça a commencé doucement, avec l’extraordinaire relais de la flamme olympique à travers le pays, dont le démarrage tonitruant à Marseille nous a scotchés, et dont on a vu monter l’enthousiasme comme une marée durant tout son parcours. J’étais devant le Petit Palais pour applaudir la gardienne de ma résidence, relayeuse choisie pour représenter les gardiens du parc social de la Ville de Paris : elle était très émue, considérant que son pays d’accueil lui faisait ainsi un honneur exceptionnel, qui plus est au bas des Champs-Élysées, après Thierry Henry qui ouvrait le relais avant elle.

Lucia Texeira
Lucia Texeira, le 14 juillet, au Petit Palais

Depuis le début des jeux, nous autres Parisiens voyons notre ville incroyablement métamorphosée : aux touristes habituels se sont substitués des supporteurs drapés dans des drapeaux du monde entier, vendus dans tous les kiosques et magasins de souvenirs, sans compter les Hollandais habillés de orange de la tête aux pieds ; mais contrairement aux habituels footeux, ils sont charmants, souriants, et fraternels les uns envers les autres, ce qui a entraîné les râleurs que nous sommes dans cette atmosphère surréaliste de convivialité bonhomme à Paris, dans les rues comme dans les transports en commun – qui roulent sans accroc, autre originalité inhabituelle. Même notre sanglante Marseillaise, chantée à tous les coins de rue, de cafés en fan zones, (y compris sur les plateaux de télévision !), prend un petit air bon enfant, comme notre bonnet phrygien révolutionnaire est devenu un chapeau de soleil débonnaire. Nous nous régalons quand nos chers et splendides monuments paraissent à tous en majesté grâce aux retransmissions télé, – à notre grande fierté -, et à nos yeux sous un jour nouveau, grâce au marathon dans la ville, au vélo à Montmartre ou aux nageurs dans une Seine pas mal nettoyée.

Ass Nat
Devant l’Assemblée Nationale

Au Sacré-Cœur de Montmartre, une chapelle accueille les sportifs et supporteurs des jeux, avec tous les drapeaux (et même distribution de médailles…pieuses, bon). Quand on passe sur le Pont des Arts, on croise sans arrêt des jeunes qui imitent les pas de danse d’Aya Nakamura en se filmant pour leurs copains, dans la bonne humeur des passants qui partagent le même souvenir ébloui de la cérémonie d’ouverture – n’en déplaise aux mauvais coucheurs avec ou sans mitres. Quand on vient guetter l’envol de la vasque montgolfière le soir au-dessus des Tuileries, on se trouve au milieu d’une foule sereine qui attend que le soir tombe en admirant le ciel qui rougeoie sur la Seine au-delà de la verrière du Grand-Palais, et dont le ravissement explose durant les quelques secondes de l’ascension, puis qui prend tout son temps pour apprécier le moment avant de s’écouler calmement, à pied ou en vélo.

Montgolfiere Et Louvre
Le 6 août sur le pont Royal

Nos jeunes champions, ou ceux encore peu connus au début des jeux, – Léon Marchand, les frères Lebrun, le trio d’or du BMX -, ont une fraicheur et une spontanéité oubliée de nos stars habituelles. Et quant aux plus aguerris et déjà renommés, – Dupont, Riner -, ils ont montré une forme d’humilité et de camaraderie envers les adversaires tout à fait édifiantes. Le grand chef de toute cette énorme chose, Tony Estanguet, est la simplicité incarnée dans ses prises de paroles, ne se haussant pas du col, – j’ose dire que même notre Ministre de l’Intérieur la joue profil bas et sourire détendu, au lieu de promouvoir l’incontestable compétence et l’efficacité de ses services.

On nous dit que ce sont les JO les plus durables possibles (sauf si tous les participants étaient venus en voiliers…), et aux coûts parfaitement maitrisés, ce qui m’a agréablement surprise. J’ai entendu un journaliste sportif allemand s’exclamer : « Étonnamment, la France a super bien tout organisé ! », ce qui m’a fait rire.
Bref, les sportifs et les touristes nous ont sauvés des politiques !
Serait-ce juste une parenthèse enchantée, ou les Parisiens et autres Français vont-ils en tirer une expérience de bonheur leur permettant de prolonger cet état d’esprit positif par un effort de volonté et une détermination sans faille ? Après tout, c’est ce que font tous les athlètes durant leurs années d’entrainement et les épreuves de compétition. Nos évêques avaient lancé le slogan : l’Évangile, c’est sport ; moi je dirais tout simplement : les JO, c’est fraternel. M’est avis que non seulement Dieu n’est pas choqué, mais qu’il doit même se régaler !

Montgolfiere
blandine.ayoub
Blandine Ayoub

Engagée depuis plus de 40 ans dans la communauté de Saint-Merry, dans des domaines et à fonctions diverses, elle est actuellement coanimatrice de l'équipe Communication. Jeune retraitée, elle a longtemps été responsable d’un pôle de ressources documentaires dans un centre de formation professionnelle de la filière éducative et sociale.

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