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Cana, l’entrée dans un monde renouvelé

L’Évangile des noces de Cana, (Jean, chapitre 2, versets 1 à 11), partagé dans nos églises et lors de notre Rencontre autour de la Parole hebdomadaire en visio dimanche dernier, a inspiré ce commentaire à Jean-Luc Lecat.

Un mariage, une fête rassemble familles, amis et amis des amis.
Un petit drame domestique se produit,
Marie, la maman de Jésus, attentive au concret de la vie, remarque que le vin va manquer.
Rien de catastrophique en soi, mais que va devenir la fête ?
N’est-ce pas l’occasion pour son fils qu’elle connaît mieux que quiconque, de se manifester ?
N’est-il pas plus qu’il ne le sait lui-même ?
Elle croit en lui, il se rebiffe, elle ne se démonte pas.
Elle croit en lui inconditionnellement : « Faites tout ce qu’il vous dira… »
Voilà, c’est parti ! Jésus se laisse happer par cet appel de l’aujourd’hui : « Remplissez d’eau les cuves »
Un monde renouvelé s’annonce.
Près de 600 litres d’eau à puiser, c’est du travail ! Et pour faire quoi ? De quoi se mêlent ces deux invités ?
Pourtant les serviteurs s’exécutent, et pas à moitié : ils remplissent les cuves « jusqu’au bord ».

C’est fait ? « Alors, maintenant », dit Jésus, « puisez, et portez-en au maître du repas. »
Imaginons ! ils n’ont pas goûté. Ils savent que c’est de l’eau, et ils y vont quand même…
Voilà que le maître du repas savoure et s’étonne !

Cana, première manifestation de “l’étrangeté” de Jésus, dans un contexte de fête et d’amour humain.
Cana, expression d’une confiance : celle de Marie en Jésus, celle de Jésus en cet inconnu qui l’habite au plus profond de lui, celle des serviteurs en Marie, en Jésus.
Cana, manifestation de la liberté de chacun : Marie qui se sent responsable, et passe outre le refus de son fils ; Jésus qui, finalement, accepte d’agir ; les serviteurs qui, eux, malgré fatigue et incompréhension, font ce qui leur est demandé.
Cana, résultat d’une collaboration : chacun vit un rôle différent mais irremplaçable. Marie voit et fait signe aux serviteurs, Jésus demande, et les serviteurs accomplissent. Jésus ne joue pas en solitaire, il répond à un appel mais a besoin des autres.
Cana, c’est aussi la mise en valeur des petits, les serviteurs. Ce sont eux qui sauvent la fête – ni le maître du repas, ni les mariés, ni même les disciples n’y sont pour quelque chose.
Serait-ce à dire que c’est par les petits, les modestes, les sans-grade, que Jésus se propose de renouveler la façon d’être au monde ?

A travers cet évènement ne suffit-il pas d’entendre : « Faites ce qu’il vous dira » ?
Les serviteurs ont, avec Jésus, sauvé la fête.
Avec Jésus, nous-mêmes ne pourrions-nous pas participer à la fête en faisant advenir la dignité de chacun, l’amour, l’espérance, la liberté, par de petits actes concrets et quotidiens, même si cela peut paraître aussi décalé, aussi dérisoire que de l’eau puisée pour pallier l’absence de vin ?

Dans nos actes posés, les hommes ne reconnaîtront peut-être ni Dieu, ni signe de sa présence. Est-ce important ?
Le maître du repas n’a pas vu l’essentiel, mais il a trouvé le vin très bon et il a félicité celui qui n’y était pour rien : le marié ! Et pourtant, quelque chose de Dieu s’est passé et la fête a été sauvée.

Que Cana se renouvelle là où chacun de nous vit, n’est-ce pas ce qui importe ?

Jean-Luc Lecat

Noces de Cana (retable), cathédrale de Barcelone, Espagne

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