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Dimanche 16 février 2025. « Heureux vous qui avez faim maintenant »

Comment garder intacte notre faim du Royaume, c’est à dire de l’amour, de la rencontre, de la justice ? Car si nous sommes repus, nous ne pouvons plus rien recevoir, rien admirer, rien chercher, quelle tristesse ! Laissons-nous renouveler par cette Parole, par la confiance.

Telemann Tafelmusik

Bonjour et bienvenue à chacun,
Les lectures choisies pour ce dimanche nous ont promenés sur des terrains aux antipodes les uns des autres : Jérémie évoque un désert désolé et inhabitable face à des terres bordées d’un rivière qui les arrose et où pousse l’arbre qui donne ombre et fruit ;
Le Psaume évoque le contraste entre le terrain des pécheurs et des méchants à l’opposé de celui du juste qui se plaît dans la loi du Seigneur ; l’évangile des Béatitudes maintient l’écart entre les heureux / bénis et les malheureux / maudits et Jésus y ajoute l’élément « temps » , au présent et au futur « Heureux vous qui avez faim maintenant » car vous serez rassasiés !
Cette référence à « un temps d’après » qui serait l’éternité est une gêne pour beaucoup d’entre nous pour qui l’éternité est déjà inscrite dans le présent. Je fais mienne une citation d’un psychiatre italien « Calme, calme, vous êtes dans l’éternité ». Au fil du temps, il y a eu déviation dans la compréhension des paroles des Béatitudes, en situant l’éternité dans un avenir lointain. C’est aujourd’hui qu’il faut choisir en qui je mets ma confiance : en l’homme ? pour cette vie seulement ? ou en la parole du Christ qui déclare les paroles des Béatitudes ? Je n’ai qu’une vie et c’est maintenant que je choisis.
C’est ce à quoi nous vous invitons, en nous appuyant sur le texte des Béatitudes.
Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Marie-Antoinette M.

Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.

Photo Nitish Kadam Sur Unsplash

La Moldau Smetana version Harpe : V Milot

En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Pour moi, la bonne nouvelle de ce texte, la voici : hélas, vous êtes repus ! malheur ! Quelle tristesse !
Repu !… Tu ne peux donc rien recevoir : tu n’as envie de rien ! Tu ne peux rien admirer, tu ne peux rien chercher : tu as tout ce qu’il te faut ! Aucune rencontre ne t’importe : tu as tout vu, tout entendu, tu sais tout ! C’est au moins ton impression…
Tu es plein, repu ! quel malheur !
Merci, Seigneur, de cette parole violente, dérangeante. Merci de me faire bouger !
Contrairement à mon désir d’éviter les conflits, il n’y a pas que les paroles ou les actes apaisants qui donnent vie !
Merci Jésus de cette pierre qui vient me faire trébucher.

Jean-Luc L.

Photo de Milad Fakurian sur Unsplash

La promesse de posséder le royaume, d’être rassasiés, de rire, de se réjouir, de tressaillir de joie et d’être traités comme des prophètes, c’est au prix d’avoir connu la pauvreté, d’avoir vécu la faim, d’avoir été dans la tristesse, d’avoir été haïs, insultés, méprisés à cause de Jésus, le Fils de l’homme comme l’ont été les prophètes. Jésus manie le présent et le futur, la bénédiction et la malédiction et cela devant les disciples, et une grande foule venue de toute la Judée, de Jérusalem et du littoral entre Tyr et Sidon.
Cela invite à lâcher-prise, à se laisser habiter par son souffle, par une confiance dans le moment présent à prendre ce qui vient, à se laisser conduire sur des chemins pas commodes, à choisir Jésus comme coach.

Marie-Antoinette M.

Lutrin Saint-Merry – Mireille Berbonde

« Vous serez rassasiés, vous rirez. » Oui mais c’est maintenant que j’ai parfois faim et que je parfois je pleure. Faudra-t-il donc que j’attende une autre vie, une récompense « dans le ciel » ?
« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. » Jésus s’adresse aux pauvres : « vous les pauvres », un peu perdus peut-être dans la multitude de gens qui l’entourent. Suis-je vraiment un de ceux-là ? Ai-je jamais été « haï », « exclu », « insulté » comme on hait, comme on exclut, comme on insulte les immigrés, les réfugiés, les pauvres ?
La bonne nouvelle de ce texte, disait Jean-Luc, c’est : « Hélas, vous êtes repus, quelle tristesse ! » Il faut donc avoir toujours faim. Mais de quoi avons-nous faim ?

Jean V.

Photo de Milad Fakurian sur Unsplash

De quoi ai-je faim ?

Photo par G. C. sur Pixabay

Elgar : Concerto pour violoncelle en mi mineur

  • Ma faim : qui est Dieu ? Où est Dieu ?
  • Faim de fraternité et de paix, y compris autour de moi. Faim de fraternité entre nous, entre les Églises, entre les peuples.
  • Faim de vérité : avec moi-même ; dans les relations, dans le monde politique…
  • Faim des autres, des rencontres, envie d’échanger vraiment.
  • Faim de sérénité face à mes limites.

Mannick – Jo Akepsimas

Heureux les hommes au cœur de chair
Ils deviendront printemps du monde.
L´amour fait fondre nos hivers,
Il est soleil où Dieu s´annonce.

1
Dans nos déserts de pauvreté
Nous n´avons pas toujours trouvé
Un ciel ouvert à ton Royaume.
Nous avons faim de ton Esprit
Pour qui tes lèvres nous ont dit :
Heureux les hommes au cœur de pauvre.

2
Les innombrables affligés
Pourront-ils être consolés
S´ils ne voient pas que tu les aimes ?
Nous avons faim de ton Esprit
Toi qui pleuras sur ton ami
Pour mieux crier “Je te relève”.


3
Le juste mort et l´affamé
Quand seront-ils des rassasiés
Dans un Royaume de justice ?
Nous avons faim de cet Esprit
Par qui renaît dès aujourd’hui
Le chant nouveau des terres libres.

Invente avec ton Dieu l’avenir qu’il te donne, invente avec ton Dieu tout un monde plus beau

La communauté a porté dans sa prière :

  • Le petit Ernest, de parents bulgares, mort dans la rue à l’âge d’un jour.
  • Les otages Israéliens et les prisonniers Palestiniens, et leurs familles ; pour cette grande misère humaine.
  • Les migrants, le plus souvent sans-papiers, que j’accompagne dans l’apprentissage du français : envoie ton Esprit pour qu’ils trouvent enfin une vie « normale ». Pour que les migrants trouvent sur leur route des personnes qui les accueillent dans leur dignité.
  • Nos démocraties au bord de l’abîme, que nous puissions les sauver !
  • La jeune génération de femmes migrantes aides-soignantes dans nos hôpitaux. Rendons grâce pour leur humanité et leur disponibilité.

Ce psaume, le premier, est complètement parallèle au texte de Jérémie :

“Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel.
Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur.”

Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants,
qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps,
et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira.
Tel n’est pas le sort des méchants.
Mais ils sont comme la paille balayée par le vent.
Le Seigneur connaît le chemin des justes,
mais le chemin des méchants se perdra.


Rendez-vous lundi 17 février à 19h en visio pour la préparation de la prochaine rencontre autour de la Parole, dimanche 23 février à 11h. Lien sur l’agenda du site.

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