Je viens de lire le rapport final (53 pages denses) du synode sur la synodalité, publié le 26 octobre 2024 à l’issue de la dernière session de l’assemblée convoquée par le pape depuis 2021.
Ma première réaction porte sur l’attitude du pape François : il ne publiera pas « d’exhortation » papale, comme cela est l’habitude au Vatican, pour tirer des conclusions personnelles s’imposant à l’Église. Manifestant un esprit synodal, il ne souhaite ni ajouter, ni retrancher aux rapports concluant cette réflexion collective.
Deuxièmement, ce qui me paraît fondamental dans ce document, est que le synode n’a pas cherché d’abord à rendre plus efficace ni même plus démocratique le gouvernement de l’Église, mais plutôt à redéfinir l’objectif de celle-ci qui est d’entrainer les chrétiens avec le Christ dans une marche commune vers le Royaume de Dieu, en union avec toute l’humanité. La synodalité est l’expression concrète de la présence de l’Esprit-Saint dans chaque personne ; elle est donc une dimension constitutive de l’Église.
Le synode qui s’achève propose un chemin de renouveau spirituel et de réforme structurelle pour rendre l’Église plus participative et plus missionnaire. Le rapport final conduit à repenser bon nombre des pratiques et même des enseignements actuels de l’Église et permet à tout le peuple de Dieu de s’associer à l’annonce de l’Évangile, en valorisant tous les charismes et tous les ministères au sein des communautés locales.
Ce rapport est une ode à la diversité, à l’ouverture, à la décentralisation, sources d’enrichissement pour l’Église, à tous les niveaux, sans que son unité soit mise en danger. C’est un grand souffle d’air qui devrait enthousiasmer le peuple de Dieu et le conduire à se questionner sur beaucoup de ses comportements, de ses habitudes et même de ses convictions.
Enfin, le pape encourage « les Églises locales »à s’approprier les conclusions du synode en réalisant, sans attendre des consignes venues d’en haut, une véritable conversion synodale et en y engageant tous les baptisés. Quand le rapport évoque « les Églises locales », il fait référence en premier lieu aux structures organisées autour de l’évêque, à charge pour celui-ci d’entrainer les structures de base, et tout particulièrement les paroisses, dans cette conversion synodale. Or, il semble que ni le diocèse de Paris, ni la plupart des paroisses parisiennes n’aient encore engagé une vraie réflexion collective sur l’application des conclusions du synode.
Cette remarque vaut également pour la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs, même si nous découvrons, à la lecture du rapport, que beaucoup des orientations préconisées par le synode ont fait depuis longtemps l’objet de concertations et d’initiatives au sein de la communauté et ont abouti à une précieuse expérience de coresponsabilité. Peut-être est-ce aujourd’hui la mission de ses membres de faire connaître dans leur paroisse de rattachement les bienfaits de cette expérience.
Jean de Savigny

Merci Jean pour ce commentaire très pertinent. Justement, on ne sait pas assez que, actuellement, au Vatican il y a encore 11 groupes et 2 ateliers qui continuent à travailler pour le synode sur la synodalité sur des sujets qui n’ont pas été suffisamment travaillés. Ils doivent rendre leur conclusions pour fin juin 2025. Nous pouvons leur adresser des contributions jusque fin-mars . Tu trouveras des infos sur le site de la CEPFE ( Commission d’Etude sur la Place des Femmes dans l’Eglise ), dans la rubrique Actualités.
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