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Hommage à Maria-Rosaria Le Péchoux

Dans la continuité d’un des ateliers de l’AG qui faisait appel aux engagements de chacun hors Saint-Merry, Marguerite Dauny fait mémoire de l’engagement personnel de Maria-Rosaria tout au long de sa vie pour la paix et la justice avec Pax Romana, dans le cadre de l’Unesco. La marque d’une époque.

… À l’occasion de la célébration de ses obsèques en l’église Notre-Dame d’Espérance, le Jeudi 1er Juin 2023

Il me revient d’évoquer la personne de Maria-Rosaria, femme engagée à l’Unesco.

Pax Romana Logo
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C’est avec beaucoup d’émotion et de nostalgie que je vais évoquer quelques faits marquants de la période allant de 2005 à 2013.
2005, année de ma retraite, sachant que je serai plus disponible, Maria-Rosaria m’a proposé de rejoindre Pax Romana, dont elle assurait la présidence à l’Unesco, en fidélité à ses engagements de jeunesse en Italie, dans des mouvements d’intellectuels catholiques.
2013, sans se désintéresser de l’Unesco, elle avait pris un peu de distance, me confiant la responsabilité de Pax Romana.

C’est donc de ces 8 années de vie commune que je souhaite témoigner ici.

Dés le début, j’ai été frappée de l’aisance et de la maîtrise qu’elle avait des codes et procédures des organisations internationales et de la façon de s’y comporter. Très à l’aise lors de grands-messes qui ponctuaient la vie de l’Unesco, elle n’hésitait pas à intervenir pour faire entendre la voix de Pax Romana. Sa parole était écoutée car reconnue pour sa compétence et sa maîtrise du sujet. Son habilité, son esprit de finesse et d’improvisation lui permettaient parfois des interventions audacieuses dont elle se tirait en général très bien !

Par discrétion, nous avions caché nos liens familiaux. Ainsi, je pouvais objectivement mesurer l’estime et la considération qu’avaient pour elle les collègues d’autres ONG. Elle passait vraiment pour une grande dame cultivée et animée de convictions profondes. Sa parole avait du poids. On la respectait beaucoup !

À l’époque où j’ai intégré l’Unesco, Maria-Rosaria présidait l’une des 5 commissions programmatiques mixtes alors en cours à l’Unesco, celle du « dialogue entre les cultures pour la paix », engagement de toute une vie, elle qui déjà, en 1957, à Bruges, avait intégré le Collège d’Europe dont la mission était de former des étudiants venus des 6 nations pionnières aux idéaux de fraternité et de paix entre les peuples, après 2 guerres qui avaient ensanglanté l’Europe. Le destin l’attendait : c’est là que Jean et elle se sont rencontrés.

L’un des grands moments de cette commission a été la tenue d’un colloque sur les « Conditions et obstacles au dialogue entre les cultures », avec pour objectifs de repérer les obstacles et de clarifier la réflexion sur ce qui rend ce dialogue impossible, de nommer explicitement ce qui le permet.

À sa grande satisfaction, ce colloque avait donné lieu à des échanges d’expériences d’une grande richesse, avec l’affirmation du droit de l’autre à exister, la nécessité de l’accueillir comme mon semblable dans sa différence, de l’écouter avec empathie et bienveillance. L’indifférence, l’ignorance, la religion dans ses dérives avaient été également identifiés comme des obstacles majeurs au dialogue.

Parallèlement à ce rôle de présidente de la commission Dialogue à l’Unesco, Maria-Rosaria participait et soutenait des actions spécifiques à Pax Romana en étroite collaboration avec l’Unesco et ses objectifs. Celles dont je me souviens plus particulièrement :

En 2006, à Venise, avec Jean elle avait participé à un colloque sur les implications culturelles et religieuses d’une éventuelle entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, en présence du premier ministre turc de l’époque : Monsieur Ahmed Davutoglu. L’objectif était d’approfondir le concept d’identité européenne à la lumière des perspectives d’adhésion de la Turquie, avec le souci du respect des Droits de l’Homme, la reconnaissance et le respect mutuel des diversités culturelles et religieuses. Déjà à l’époque, les débats avaient reflété toutes les contradictions et les incertitudes des européens face à cette construction en mouvement.

Il était toutefois important que Pax Romana, par fidélité à ses origines et ses valeurs, fasse entendre sa voix dans ce qui était déjà à l’époque un défi d’intégration de cultures et de peuples extérieurs à l’héritage gréco-latin.

En 2008, elle avait organisé une table ronde avec des ONG partenaires pour attirer l’attention sur une action de dialogue réussi à Khartoum, au Caire et à Toronto, menée par le MIEC, branche des jeunes de Pax Romana. Il s’agissait pour eux de faire entendre la voix des minorités religieuses coexistant sur des campus universitaires avec des groupes majoritaires. C’était la première fois que des étudiants catholiques et musulmans se rencontraient, avec un même désir de vivre une expérience de dialogue et de respect mutuel. Le fait qu’à l’époque, de telles rencontres catholiques-musulmans dans des contextes politiques parfois difficiles aient pu avoir lieu était en soi un succès.

Autre moment fort, en Novembre 2009, en commémoration du 10è anniversaire de la mort de Don Helder Camara, avec des partenaires dont Caritas, Maria-Rosaria avait organisé un colloque sous le patronage de l’Unesco intitulé : « L’éradication de la pauvreté, la dernière des utopies ». La question de la pauvreté dans le monde était une source de préoccupation pour elle. La tribune que l’Unesco offrait pour en parler, le rayonnement de la figure de Don Helder Camara avaient, à sa grande satisfaction, attiré un vaste public.

Ceci n’est qu’un modeste résumé du rôle et de l’action de Maria-Rosaria à l’Unesco.
J’ai essayé de sélectionner quelques exemples significatifs pour illustrer l’étendue et la richesse de sa culture, la diversité de ses combats, son implication dans la défense de valeurs humanistes et respectueuses des droits de l’homme, son constant plaidoyer en faveur de la tolérance et du dialogue inter culturel et interreligieux.
Que son message continue de se faire entendre et de nous inspirer.

Quant à moi, chère Maria-Rosaria, enrichie à ton contact, ton souvenir en moi luit comme un ostensoir (Baudelaire).

Marguerite Dauny

CategoriesSolidarité

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