Les textes de ce dimanche nous ont fait réfléchir sur la règle de droit, à promouvoir lorsqu’il s’agit d’une règle juste et à contester avec la plus grande énergie quand il s’agit de règles iniques. Mais Jésus est venu non abolir, mais accomplir la Loi. L’Évangile nous invite à aller au-delà des règles avec une conscience éclairée, à se décaler par une attitude qui libère, à retrouver la confiance et la spontanéité d’un enfant pour accueillir le Royaume de Dieu.
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Bienvenue chers amis de Paris, de banlieue, de province qui participez ce jour à notre célébration de la parole.
Pendant la préparation, les textes du jour nous ont rendus perplexes sur le rôle dévolu à la femme et l’interdit de la répudiation et nous avons décidé de ne pas lire la lettre aux Hébreux qui prône la « perfection, par des souffrances ».
Les textes nous ont fait réfléchir sur la règle de droit, à promouvoir lorsqu’il s’agit d’une règle juste, comme la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, à contester avec la plus grande énergie quand il s’agit de règles iniques, comme par exemple l’incapacité juridique de la femme mariée » qui a perduré jusqu’en 1938.
Souvenons-nous de tous les combats qu’il a fallu mener pour arriver à la fin des discriminations avec le mariage pour tous.
En revanche accueillir le royaume de Dieu « à la manière d’un enfant » a enthousiasmé notre réflexion, et nous allons vous inviter à nous dire ce que vous en pensez.
Tous réunis en son nom, nous osons dire Au nom du Père, et du Fils, et de l’Esprit.
Danielle M.
Introduction à la Genèse
Nous allons lire un extrait du deuxième chapitre du livre de la Genèse, n’oublions pas que les mots peuvent être déformés par la traduction qui toujours trahit quelque peu le texte initial. N’oublions pas non plus l’aspect symbolique, voire mythique, de certains écrits bibliques.
Adam, ce n’est pas l’homme sexué, c’est l’humain primordial.
Dieu aurait fabriqué d’abord la femme, en prélevant une part de cette pâte humaine, un morceau de cette chair, un côté et non une côte, et l’homme serait l’autre partie, né de son sommeil mystérieux.
Dieu les fait se rencontrer, et du même coup advenir l’un par l’autre, dans la parole qui les nomme chacun, « ishsha » et « ish ».
Il n’est pas bon que l’être humain soit seul, il est manquant d’un autre, un partenaire de la même chair à son côté.
Geneviève P.M
📖 Livre de la Genèse (Gn 2, 18-24)
Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. » À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.
Méditation musicale : Saint-Saëns Le Carnaval Des Animaux: XIV. Finale
Alléluia
📖 Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 10, 2-12)
En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Méditation : Duo Alfonso à deux violes
Résonances
Moi qui ai un rapport assez léger aux règles religieuses (ce n’est pas hasard que j’ai atterri à st Merry), je dois dire que j’ai longtemps regardé avec respect, voire admiration, la capacité du judaïsme à ponctuer de règles la vie ordinaire. Des règles qui ne sont pas (pas que, tout dépend de l’interprétation qu’on en fait) des carcans, mais des béquilles, pour m’aider, moi qui ne comprends tellement rien à Dieu, à toucher du doigt ce que veut dire cheminer vers, ou avec lui. J’aimais bien la grande modestie de cette approche qui ne prétend pas savoir, mais propose de faire avec, et d’accompagner dans le monde, concrètement, ce qui est si incertain dans le spirituel.
Sans doute plus facile à regarder chez les voisins que chez moi, bien sûr.
Vu d’ailleurs, chez les philosophes, l’autonomie c’est la loi que je me donne, qui est le cadre de ma liberté. La loi, le cadre, la règle, sont des moyens de grandir, de devenir ce que je suis. Pour autant que je me la donne, cette règle, et non qu’elle me soit imposée par l’institution ou la société, qui plus est avec quelques siècles de retard…
Mais finalement, le judaïsme ne fait pas mieux. Delphine Horvilleur raconte dans « Vivre avec nos morts » qu’après qu’elle a récité le kaddish lors des obsèques de Simone Veil avec le Grand Rabbin de France, un grand site de presse juif de sensibilité orthodoxe considérait qu’il n’en avait rien été, vu que réciter cette prière reste une prérogative exclusivement masculine au sein du monde juif orthodoxe.
Valérie L.
Après Danielle et Valérie qui ont déjà dit tant de choses, permettez-moi d’apporter ma petite pierre.
Pour moi, les règles comme les lois sont schématiquement de deux ordres, celles qui concernent le vivre ensemble et qui sont nécessaires pour une vie apaisée : OK, pas de soucis. Mais, là où cela se complique, c’est lorsque cela me concerne personnellement sans incidence sur l’entourage, car je ne comprends pas pourquoi d’autres m’infantiliseraient en se mêlant de ma vie.
J’ai toujours été interrogative quant à l’attitude de nombreux chrétiens lors de la dernière guerre mondiale, ils suivaient la parole de l’Eglise qui demandait d’obéir au gouvernement. C’est bien sûr un peu rapide, mais cela m’a marquée de façon indélébile, non pas pour juger – je ne peux pas savoir comment j’aurais réagi – mais il m’a toujours paru comme une évidence qu’on ne peut décider sa vie que seule ou éclairée par des proches.
Nous avons tous les jours des exemples de nos contemporains qui prennent des risques, se mettant, en toute connaissance, dans l’illégalité pour être en harmonie avec leur conscience, comme par exemple, ces femmes et ces hommes dans le Calaisis, ou Cédric Herrou et son entourage dans la vallée de la Roya.
J’ai toujours en tête ce que nous répétait maman : « l’enseignement de l’Eglise nous dit : en dernier ressort, c’est ta conscience qui t’éclaire et qui dicte ta décision ». Enfant, nous avons besoin d’être guidé, structuré, mais adulte, je dois prendre moi-même mes responsabilités, être pleinement responsable de ma vie.
Comment être vivante si l’on suit la règle comme un enfant ?
Marie-José D.
Suite de l’ Évangile de Marc (10, 12-16)
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Méditation musicale : extrait « Atom Heart Mother Suite, Pink Floyd
Introduction au partage
Nous avons beaucoup mis en avant les côtés positifs et négatifs des règles qui sont nécessaires à la vie humaine.
L’ Évangile nous dit, d’ailleurs, que Jésus-Christ n’est pas venu abolir mais accomplir la Loi.
Ici, le texte nous donne peut-être aussi une indication sur comment être disponible à l’accomplissement de la Loi quand il nous est dit d’accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant :
Confiance ? Joie ? Insouciance ? Disponibilité ? Spontanéité ?…
Nous vous proposons donc, pour notre moment de partage, de dire ce qu’est, pour vous :
“Accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant ?“
Michel M.
Chant : Oser la vie (Théo Mertens)
Oser la vie, venir au jour,
Oser encore vivre d’amour:
S’ouvrir aux mots que l’on entend,
Tendre une main vers un enfant.
Ouvrir la porte de son cœur
Comme un enfant dans l’insouciance,
Choisir la confiance et la joie.
Tendre l’oreille pour écouter
Comment se donne cette enfance,
Accueillir au-delà des lois.
Oser parler du Dieu d’amour
sauveur des hommes et de la terre,
puiser sa force dans la foi.
Suivre les pas de Jésus-Christ
offrant sa vie pour tous ses frères,
proclamer d’une seule voix.
Quelles intentions de prière voulez-vous confier à la communauté ?
♫ Refrain à écouter ici
Pour les hommes et pour les femmes, pour les enfants de la terre,
Tout ton peuple qui t’acclame, vient te confier sa prière.
Seigneur, nous te confions les hommes et les femmes de bonne volonté qui luttent contre l’individualisme, les nationalismes agressifs et le racisme, et aussi celles et ceux qu’ils soutiennent. Je pense, entre autres, à l’évêque américain d’El Paso qui franchit la frontière, pour rencontrer au Mexique et aider les expulsés du droit d’asile, y survivant dans la misère et le désespoir.
Solange de R.
Le 5 octobre 2021 Jean-Marc Sauvé remettra le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’ Église de France à Mgr Eric de Moulins Beaufort, président de la CEF et à Sr Véronique Margron, présidente de la Corref (Religieuses et Religieux de France).
Ce document attendu sera sans doute un moment douloureux. Il est nécessaire que la lumière soit faite. Elle sera une aide pour prendre conscience des violences commises dans l’Eglise.
Nous sommes tous concernés, appelés à construire des communautés fraternelles et la maison commune.
Seigneur nous te demandons ton aide, pour accueillir cette vérité, y répondre humblement.
Colette B.
Une prière est proposée à toutes les paroisses et communautés :
« Seigneur l’Eglise de France s’apprête à recevoir, mardi 5 octobre, le rapport de la Commission indépendante sur les Abus sexuels dans l’Eglise.
Nous te confions toutes les personnes qui ont subi des violences et agressions sexuelles dans l’Eglise : que dans les épreuves, elles puissent toujours compter sur ton appui et notre soutien.
Qu’à l’image de ton Fils, nous prenions soin des plus petits et des plus fragiles pour faire de notre Eglise une « maison sûre ».
Donne-nous ton Esprit d’humilité pour vivre dans l’espérance les jours qui viennent. »
Nous concluons notre prière par Notre Père chanté Rimsky Korsakov.