L’évènement de la Nativité a toujours été pour moi une « provocation » heureuse et très simplement, je veux vous dire pourquoi.
Quand j’étais gamin et tard encore après, j’entendais parler d’un Dieu tout autre, de son isolement, de sa superbe, de son absolutisme, de son abstraction. D’un Dieu qui est tout et l’homme rien. Dieu était d’une certaine manière une idole religieuse et j’étais, par habitude culturelle, un peu idolâtre. Aujourd’hui la Nativité m’interroge sur l’humanité de Dieu et sur la divinité de l’homme : la divino-humanité, le mystère d’un Dieu qui se fait homme pour que l’homme soit Dieu.
Affirmer l’humanité de Dieu, ne serait-ce pas renoncer à la représentation d’un Dieu absolu immobile et fixe, pétrifié, embaumé dans son éternité, tenter de découvrir le véritable visage de Dieu ? Mais je me suis demandé très vite s’il ne serait pas plus juste de parler, non pas de l’« humanité » de Dieu, mais bien plutôt de son « humanisation », d’une humanité toujours à l’œuvre, en cours, en voie de réalisation.
Croire en Dieu, n’est-ce pas vouloir que Dieu devienne véritablement Dieu,
croire à son humanité à l’œuvre,
croire en un Dieu en devenir,
en un Dieu qui n’existe pas sans l’homme ?
Il nous faut sans doute devenir les complices de ce devenir, alliés d’un Dieu qui devient Dieu en plénitude dans son humanité, d’un Dieu qui veut exister, existe en devenant homme, d’un Dieu qui devient parce l’homme devient ? Voilà bien quelque chose de vertigineux… Comme l’est, dans le même mouvement, la « divinisation », la « déification » de l’homme : Dieu est devenu homme pour que l’homme puisse devenir Dieu. Dieu est devenu homme pour que Dieu naisse en l’homme
et que l’homme naisse en Dieu.
Qu’est-ce que cette divinité de l’homme
que la fête de la Nativité célèbre ?
Elle n’est pas un état passé et fixe, mais une « théandrie » pour reprendre le vocabulaire de l’orthodoxe Vladimir Soloviev, unissant, selon les termes de Berdiaeff, Dieu et l’homme dans une histoire inachevée et toujours en cours. Dieu nous appelle ainsi à devenir Dieu, libres, créateurs, à le surprendre même dans ce devenir. La divinisation nous appelle à devenir humain en plénitude.
Nous devenons humain en plénitude en devenant Dieu.
Mon ami Olivier Clément, décédé aujourd’hui, écrit : « Selon les Pères grecs, l’homme a été créé
pour participer de tout son être – y compris le corps – à la vie divine, et la communiquer à l’univers. » Humanisation, divinisation ont à voir avec la solidarité de l’homme avec l’univers.
La création est le Royaume de Dieu en devenir.
Voilà ce que je voulais partager avec vous en guise de vœux de Noël. Bonnes fêtes à chacun.e !
HYMNE : QUI PEUT ME DIRE L’ENDROIT
N. Berthet — CNPL
Qui peut me dire l’endroit
Où Jésus le Christ est né ?
Vois, Jésus prend naissance
Où l’homme commence
D’ouvrir son cœur et ses mains
Pour changer la vie de ses frères.
Oui, là, Jésus prend naissance.
Qui peut me dire le jour
Où Jésus le Christ est né ?
Vois, Jésus prend naissance
Quand l’homme commence
D’ouvrir son cœur et ses mains
Pour changer la vie de ses frères ;
Alors, Jésus prend naissance.
Qui peut me dire pourquoi
Jésus le Seigneur est né ?
Vois, Jésus prend naissance
Pour toi qui commences
D’ouvrir ton cœur et tes mains
Pour changer la vie de tes frères ;
Pour toi, Jésus prend naissance.
Pour écouter l’hymne, en voici une interprétation : https://www.youtube.com/watch?v=FxPkmatFFhs&t=25s